– Garde rapprochée : l'urgence n'est pas là.
(J.R.T)
15/03/07
Des réunions par-ci, des négociations par-là, Kinshasa vit à l'heure de nombreux conciliabules entre les deux anciens vice-présidents de la république ou leurs émissaires avec la présidence de la république, le ministère de la Défense et ses services spécialisés, pour désamorcer la bombe que l'état-major général des Fardc a actionnée la semaine dernière, en invitant Jean-Pierre Bemba et Azarias Ruberwa à céder à l'armée nationale leurs troupes ainsi que des éléments de leur garde rapprochée aux fins de brassage.
Cette décision des responsables des Fardc assortie d'un ultimatum qui expirait mercredi 14 mars a été accueillie non sans étonnement par les deux destinataires. D'abord, parce qu'elle ne reflète ni l'esprit, ni la lettre de multiples engagements pris par le camp de la famille politique présidentielle, notamment la déclaration d'intentions post électorales de deux candidats au second tour de l'élection présidentielle du 29 octobre 2006 et l'acte d'engagement pris par le gagnant de ce scrutin à l'égard du candidat perdant. C'est d'ailleurs dans le cadre des accords particuliers signés sous l'égide de la Monuc, qu'il a été reconnu au candidat malheureux Jean-Pierre Bemba, de même que ses pairs, de disposer de quelques éléments de leur garde rapprochée ; ainsi que le bénéfice de quelques avantages, notamment de percevoir les trois quarts de leurs émoluments pendant une période bien déterminée.
Il y a quelques jours, le chairman du MLC avait réagi en rappelant aux responsables des Fardc les termes des accords conclus entre le MLC et le PPRD en son temps. Depuis ces échanges épistolaires de la semaine passée, le dispositif militaire ceinturant la résidence officielle de JP Bemba sur le boulevard du 30 juin, est demeuré en place, alors que les militaires et blindés de la Monuc, ainsi que les sacs de sable, se dressaient encore devant cette bâtisse appartenant à la Banque centrale du Congo.
Résultat : de part et d'autre du boulevard du 30 juin, les éléments des Fardc et ceux de la garde rapprochée de Jean-Pierre Bemba se regardaient encore hier, comme des chiens de faïence, grinçant les dents et fulminant de rage.
Des craintes justifiées de la population kinoise
A la vue de ce dispositif militaire prêt pour une déflagration instantanée, les Kinois pris de peur ont vécu la journée d'hier dans la hantise d'un affrontement imminent.
Certains bureaux qui craignaient la perpétration des incidents meurtriers comme ceux enregistrés lors des journées folles du 21 au 23 août 2006, tout comme certains commerces, ont dû fermer tôt leurs portes. La circulation routière était perturbée et le transport a été un véritable calvaire pour les Kinois devant vite regagner leurs domiciles aux quatre coins éloignés de la ville de Kinshasa.
Distraction ou provocation ?
Dans leur inquiétude, beaucoup de Kinois ont voulu savoir pourquoi le dossier brûlant de l'invasion de Kahemba par des militaires angolais, tout comme celui de la destruction de la faune dans les parcs nationaux par des milices armées, ceux des incursions et des agressions récentes de la population de l'Est par les FDLR , ne figurent pas dans les actions prioritaires des FARDC, alors que, visiblement, le désarmement des troupes du MLC et du RCD n'a aucun caractère urgent. Et de se demander quelle menace sérieuse présentent les éléments de la garde rapprochée de Jean-Pierre Bemba, ainsi que ceux d'Azarias Ruberwa, pour la quiétude de la capitale ?
Question alors : qui a intérêt à ce que le sang coule de nouveau dans la ville de Kinshasa, quand on sait que depuis l'installation du nouveau gouvernement, rien de fâcheux n'a été relevé ni de la part de la garde rapprochée de Bemba Gombo, ni de celle de Ruberwa Manywa ! Pourquoi privilégier la négociation avec les Angolais sur le dossier de Kahemba et chercher à imposer la loi de la force à des Congolais ?
Lors de son point de presse hebdomadaire de mercredi, la Monuc a souhaité que ce dossier soit traité avec responsabilité en privilégiant l'intérêt supérieur de la population. Une population qui s'attend à ce que le Premier ministre Gizenga s’en saisisse car une mauvaise gestion, pourrait relancer le spectre des affrontements armés.
Le Phare