AFP
05/10/07
KINSHASA, 5 oct 2007 (AFP) – Le ministre des Transports de la République démocratique du Congo (RDC) a été révoqué vendredi pour "incompétence", au lendemain d'un accident d'avion ayant fait 38 morts à Kinshasa, a annoncé le porte-parole du président Joseph Kabila.
Le ministre des Transports, Rémy Henry Kuseyo, "a été révoqué vendredi pour son incapacité à réformer le secteur de l'aviation", aux termes d'une ordonnance signée par le chef de l'Etat et le premier ministre Antoine Gizenga, a déclaré à l'AFP Kudura Kasongo, le porte-parole du président Kabila.
"Cette décision a été approuvée par le Conseil des ministres", qui se tient actuellement à Kinshasa, a-t-il précisé.
L'ordonnance de révocation a été lue à la télévision nationale, alors que se poursuit le Conseil des ministres.
Jeudi matin, un Antonov 26 d'une compagnie privée congolaise s'est écrasé peu après son décollage de l'aéroport international de Kinshasa-Ndjili, percutant une dizaine de maisons avant de s'enflamer dans un quartier très peuplé de l'est de la ville.
Vingt-deux des 23 personnes qui se trouvaient à bord de l'avion ont péri dans la catastrophe, et au moins 16 personnes ont été tuées au sol et une trentaine blessées, selon le ministère des Affaires humanitaires.
Une polémique a immédiatement débuté sur l'incapacité de l'Etat à réformer la flotte congolaise, essentiellement composée de vieux avions de fabrication soviétique volant souvent en violation des règles de l'aviation civile et à l'origine de dizaines d'accidents meurtriers ces dernières années.
En mars 2007, après une série de précédentes mesures infructueuses, M. Kuseyo avait accordé trois mois aux compagnies pour leur mise en conformité, avant d'interdir en septembre tous les appareils de type Antonov.
Selon des courriers publiés vendredi par la presse de Kinshasa, M. Kuseyo avait été sommé de revenir sur une mesure de suspension générale portant "préjudice aux compagnies qui sont en règle" par Nkulu Mitomba Kilombo, ministre d'Etat rattaché à la présidence.
M. Kuseyo avait répondu dans un courrier daté du 14 septembre que ce problème ne devait "nullement être traité en se basant sur le manque à gagner des compagnies" et réaffirmé sa volonté de ne donner son feu vert aux compagnies qu'après un contrôle "minutieux" et "sans pression".
Le ministère "a hérité d'un désordre inimaginable caractérisé par la distribution monnayée des licences d'exploitation au grand mépris des normes techniques", selon le ministre, qui s'engageait à lever l'interdiction de plusieurs compagnies "en ordre".
Selon une source proche du ministère, M. Kuseyo "a dû céder" et a signé "au fur et à mesure des dérogations", dont celle de la compagnie Africa One, propriétaire de l'Antonov qui s'est écrasé jeudi.
Agence France Presse