Richard Kabamba
16/11/2007
Chassez le naturel, il revient au galop dit-on. C’est ce triste constat que les Congolais sont entrain de faire depuis que le pays s’est doté des institutions dites démocratiques (sic) voici une année aujourd’hui.
En effet, l’inventaire fait sur les cas de violations des droits de l’homme au pays de Lumumba ne sont pas à compter à ce jour. Du petit au grand citoyen, la loi est différente selon que l’on appartient à X ou Y groupe de la société congolaise. La bipolarisation politique ayant refait surface depuis la fin des élections de 2006 qui ont vu le pays se doter des nouvelles institutions dont aujourd’hui les actions, dans le domaine des droits de l’homme, sont décriées par tous, comme nous le démontrent ces quelques exemples triés à la volée rapportés par le quotidien kinois La Référence Plus N°4126, dans sa livraison du mercredi 14 novembre 2007, sous le titre : « Le MLC dénonce les tracasseries et brimades contre ses membres ».
Cet article commente un communiqué du Mouvement de Libération du Congo, MLC en sigle, de Jean-Pierre Bemba Gombo, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2006 où il a été battu au second tour par Joseph Kabila ; Sénateur élu de l’actuelle législature forcé aujourd’hui à vivre en exil au Portugal par le pouvoir de Kinshasa.
Le MLC s’insurge dans ce communiqué contre les tracasseries et brimades dont sont victimes ses militants et membres de la part des forces de l’ordre. Le Secrétaire Exécutif et président du groupe parlementaire MLC, M. Thomas Luhaka Losendjola qui signe ce communiqué rappelle à titre illustratif les actes de barbarie perpétrés contre trois de ses hauts cadres à Kinshasa notamment l’honorable député Omer Egwake Yangembe, attaqué à son domicile en avril dernier par des hommes en armes non autrement identifiés ; l’honorable député Cyrille Mbwebwe Kasenvu battu en pleine journée à la station services dans la commune de Kalamu. Et le dernier acte en date, c’est la famille de l’honorable sénateur Polycarpe Mongulu Tapangane qui a été terrorisée le dimanche 11 novembre 2007 à son domicile sis avenue de la Justice N°16, dans la commune de la Gombe, par dix éléments armés qui ont pris en otage deux des enfants en lieu et place de leur père.
Ces actes ne sont pas les premiers qu’on vit dans ce pays depuis l’avènement de la troisième République voulue démocratique par tous. Hélas ! Les Congolais ne vivent malheureusement que des déclarations de bonnes intentions et assistent chaque jour à des actes qui assassinent la jeune démocratie pour laquelle, gagnants et perdants aux élections de juillet et octobre 2006, se sont pourtant massivement mobilisés.
Il n’y a pas que les membres du MLC qui sont brimés sans qu’il y ait une réaction palpable du pouvoir en place. Les Kasaïens habitant le Katanga, province d’origine du chef de l’Etat Kabila, vivent dans cette partie de la République comme dans un pays étranger. Ces Congolais à part entière ne peuvent pas jouir de tous leurs droits pourtant garantis par la Constitution de la République ! Les déclarations publiques du Président de l’Assemblée provinciale de cette province, l’honorable Gabriel Kyungu wa Kumuanza, ont été pour le moins incendiaires et séparatistes aux yeux de tous. Quand on sait que les ressortissants Kasaïens sont très nombreux dans cette province cuprifère, il y a de quoi craindre une nouvelle épuration comme celle des années 92-93 qui avait vu tous les Kasaïens rentrés chez eux en laissant tous leurs biens aux Katangais. Toujours sous l’instigation du même Kyungu alors gouverneur de province sous Mobutu.
Des cas sont très nombreux et nous avons déjà eu à dénoncer plusieurs d’entre eux comme par exemple les tueries par la police, sur ordre du pouvoir de Kinshasa, des adeptes du mouvement politico-religieux « Bundu ne Kongo », pour avoir manifesté pacifiquement contre la tricherie électorale dans la province du Bas-Congo. L’enquête diligentée à cette occasion est restée sans suite jusqu’à ce jour !
Que dire de la grève des enseignants et autres fonctionnaires et agents de l’Etat ? Sinon que leurs revendications pourtant légitimes sont considérées par le pouvoir comme un acte de lèse majesté et on utilise plusieurs subterfuges pour étouffer la volonté de ceux là même qui constituent le socle de l’Etat. En effet, peut-on comprendre que dans un même pays, qu’il y ait plus d’un barème de salaire et, c’est selon qu’on travaille à Kinshasa la capitale où à Lubumbashi (Katanga) chez le Président Kabila. Les autres provinces ont un statut particulier, celui des petits qui peuvent vivre avec moins de dix dollars par mois ! Allez y comprendre quelque chose ? Les primes de transport, de logement et autres allocations familiales sont réservées aux seuls Kinois et Katangais ! Quelle justice sociale ?
Au jour d’aujourd’hui, les tensions sociales sont nombreuses surtout à Kinshasa la capitale qui passe pour le miroir de ce pays. Le gouvernement est bien dépassé par les événements que le patriarche du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) et Premier Ministre Antoine Gizenga est loin de maîtriser la situation. De même que le Président Joseph Kabila qui ne sait pas trop bien quoi faire et fait jaser les gens avec le remaniement de son gouvernement tant promis et les nominations des cadres des entreprises publiques annoncées voici plusieurs mois. La vérité est que l’homme fort du Congo a difficile à maîtriser tous les paramètres de la situation qu’il contrôle difficilement par les étrangers interposés.
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